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Yvonne Rainer

Née en 1934, Yvonne Rainer a contribué dans les années 1960 à définir les contours de la danse d’avant-garde à New York. Formée par Merce Cunningham, elle contribue à la fondation du Judson Dance Theater. S’écartant de l’esthétique de la danse classique et de la danse moderne au profit d’une gestuelle du quotidien, de l’aliénation, comme résumé par Rainer dans son No Manifesto, ses pièces exerceront une grande influence sur le développement de la danse postmoderne.

Au début des années 1970, Yvonne Rainer délaisse la danse et la performance pour se consacrer au cinéma. Son intérêt croissant pour les conceptions féministes ainsi que son implication dans les mouvements de protestation contre la guerre du Vietnam, l’orientent vers le cinéma qui lui offre davantage de possibilités de traiter des questions sociales et politiques, ce qu’elle réalise par le truchement d’un montage intelligent et mûrement réfléchi et en décomposant de différentes manières les structures narratives du cinéma dominant. Rainer a réalisé sept films qu’elle qualifie elle-même de « fictions autobiographiques, faux aveux, récits subversifs, documentaires contenant des mines, traités non scientifiques, divertissements en forme de dialogue » et dans lesquels elle étudie les rapports de pouvoir et de classes, les rapports hommes - femmes, les sujets « féminins », la sexualité, la violence, la politique (mondiale), et la manière dont ils interagissent entre-eux.

Aucun élément de ses films ne va de soi. Les mots disparaissent, les objets apparaissent, la voix de celui qui parle peut changer au beau milieu d’une phrase, un personnage est parfois interprété par différent·e·s acteur·ice·s, la caméra fait son propre chemin, laissant parfois derrière elle des personnages pour s’attarder sur un mur ou un couloir. Ses expériences avec le médium lui permettent de démontrer que « le personnel est politique » n’est pas une relation directe et individuelle, avec toutes les frictions, les contradictions et l’inconfort qui l’accompagnent.

Le fait que les films nécessitent un effort de la part du spectateur participe entièrement au projet de Rainer de rompre encore et encore avec les conventions narratives traditionnelles, ce qui rend le financement de ses films de plus en plus difficile dès le début des années 1990. Après MURDER and murder, elle retourne avec plaisir à ses premières passions : la danse et la performance. Au cours des dernières décennies, plusieurs de ses nouvelles pièces ont été représentées, pièces dans lesquelles les danseurs et parfois Rainer elle-même lisent des textes à voix haute. Un point commun avec ses films qui, comme l’écrit Teresa de Laurentis « sont si riches en propositions spéculatives, en allusions intertextuelles, en méditations sur l’art et la vie, en commentaires politiques et citations d’autres textes culturels, au point que plusieurs visionnages de ses films ne suffisent pas à saisir la texture de l’excès de l’imagination créatrice, de la fonction critique, qui caractérise l’approche artistique de Rainer ». CINEMATEK vous propose de (re)découvrir ses films.



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Mercredi 01.05 21:00 LEDOUX Cart

Yvonne Rainer

Kristina Talking Pictures
  • Yvonne Rainer, USA 1976 ⁄ Bert Barr, Frances Barth, James Barth ⁄ NB ⁄ 90' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

Kristina Talking Pictures se développe entre le champ de bataille des émotions et la violence plus générale d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Kristina, une dompteuse de lions originaire de Budapest, débarque à New York pour travailler comme chorégraphe. Son amant Raoul, un marin, la quitte au début du film, puis réapparaît pour la quitter à nouveau. Un film en forme d’élégie, qui traite avec fougue la fin des formes anciennes.

Version restaurée (DCP).

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Dimanche 05.05 21:00 LEDOUX Cart

Yvonne Rainer

Journeys from Berlin/1971
  • Yvonne Rainer, USA 1979 ⁄ Annette Michelson, Ilona Halberstadt, Gabor Vernon ⁄ couleur ⁄ 125' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

Rainer quitte SoHo pour se rendre à Berlin où elle a vécu en 1976 et 1977. Une séance de psychanalyse (Annette Michelson, critique d’art et de cinéma, interprète l’analysante, tandis que l’analyste change d’apparence), alterne avec une conversation sur le terrorisme dans une cuisine. Une confrontation dans laquelle la responsabilité de l’individu, la psyché, et le corps historique politique se heurtent.

Version restaurée (DCP).

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Dimanche 19.05 21:00 LEDOUX Cart

Yvonne Rainer

The Man Who Envied Women
  • Yvonne Rainer, USA 1985 ⁄ Jackie Raynal, Trisha Brown, Anne Friedberg ⁄ couleur ⁄ 125' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

Un professeur, coureur de jupon interprété par deux comédiens différents, et sa femme, artiste dont nous n’entendons que la voix, se séparent. Lors d’une fête, en conversation ou en cours magistraux informels, sont récités des textes de philosophes, de théoricien·ne·s, d’écrivain·e·s, et de cinéastes. Sur fond de crise du logement à New York et de lutte politique en Amérique latine, la caméra et la voix-off glissent sur des photos, des dessins, et des articles de presse punaisés au mur.

Version restaurée (DCP).

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Lundi 20.05 19:00 LEDOUX Cart

Yvonne Rainer

Privilege
  • Yvonne Rainer, USA 1990 ⁄ Blaire Baron, Gabrielle Made, Novella Nelson ⁄ NB + couleur ⁄ 103' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

En février 2023, après avoir revu son film autoréférentiel, anarchique et intersectionnel, Rainer dit : « Je suis étonnée de ma propre — quoi, audace ? Je ne sais pas comment on pourrait appeler cela — à réunir tous ces éléments différents dans le même véhicule. Une femme blanche qui parle de ménopause — un substitut de ma propre personne, bien sûr — et parler de racisme, le racisme blanc, et combiner le tout, ce qui a toujours été ma manière d’aborder le cinéma. »

Version restaurée (DCP).

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Lundi 27.05 21:00 LEDOUX Cart

Yvonne Rainer

MURDER and murder
  • Yvonne Rainer, USA 1996 ⁄ Joanna Merlin, Kathleen Chalfant, Catherine Kellner ⁄ couleur ⁄ 113' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

Le dernier et le plus personnel des films de Rainer est à la fois un soap, une comédie grinçante, une histoire d’amour et un film politique. Doris, une femme dans la soixantaine qui n’a jamais eu d’emploi stable, tombe amoureuse d’une universitaire lesbienne de la upper middle-class nommée Mildred. Peu de temps après avoir emménagé ensemble, Doris subit un examen médical qui révèle qu’elle souffre d’un cancer du sein. Rainer apparaît elle-même par intermittences en tant que réalisatrice du film qui raconte sa propre expérience de la maladie.

Version restaurée (DCP).

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Samedi 27.04 17:00 LEDOUX Cart

Yvonne Rainer

Lives of Performers
  • Yvonne Rainer, USA 1972 ⁄ Valda Setterfield, Shirley Soffer, John Erdman ⁄ NB ⁄ 90' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

Le mélodrame du quotidien et de la pratique artistique, l’autorité du metteur en scène, les notions d’artifice et de tromperie, l’opposition entre histoire et image, entre homme et femme, sont au coeur de ce spectacle « anti-illusionniste », qui mêle répétitions de danse, photos, tableaux, fragments de textes, et de nombreuses autres voix, pour finir sur une étonnante interprétation de Loulou de G.W. Pabst, au départ d’images fixes tirées du film.

Version restaurée (DCP).

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Lundi 29.04 21:15 LEDOUX Cart

Yvonne Rainer

Film about a Woman Who...
  • Yvonne Rainer, USA 1974 ⁄ Dempster Leech, Shirley Soffer, John Erdman ⁄ NB ⁄ 105' ⁄ V: EN ⁄ ST: —

Dans son deuxième film, toujours avec Babette Mangolte derrière la caméra (un an avant qu’elle prenne en charge la photographie de Jeanne Dielman, 23, Quai du commerce, 1080 Bruxelles), Rainer continue d’explorer les problématiques abordées dans Lives of Performers. La représentation, la narration, les rapports sexuels et les rapports de pouvoir, les attentes du spectateur, sont remis en question de manière intransigeante, pour aboutir au final à une redéfinition contemporaine et féministe du mélodrame.

Version restaurée (DCP).