Virus! Utopie, globalisation, et pandémie

Jeremi Szaniawski

Virus! Utopie, globalisation, et pandémie

Jeremi Szaniawski

La pandémie COVID-19 (et le traumatisme qu’elle aura constitué pour la majorité de la population de la planète) a mis à jour toute une série de questions, par-delà celle de la gestion de crise sanitaire à proprement parler. Au premier plan, cette crise aura révélé une réorganisation profonde de la globalisation en tant que projet du capitalisme tardif. Dès lors il est intéressant, voire impératif, de se pencher sur des films, jadis objets de science-fiction fantaisiste (Le Survivant de Boris Sagal, une des adaptations du roman I am Legend de Richard Matheson), ou allégories d’autres menaces (par exemple la menace nucléaire, comme dans Virus de Kenji Fukasaku), mais aussi de projections utopiques post apocalyptiques pour un monde finissant mais détenant la promesse d’une renaissance précaire. Des films plus récents tels Outbreak ! (Barry Levinson) et Contagion (Steven Soderbergh) abordent pour leur part le sujet de pandémies sous un axe, si pas réaliste, en tout cas vraisemblable, se focalisant sur une gestion pandémique et sur l’héroïsme des femmes et des hommes de science combattant la propagation d’un virus mortel—tandis que le monde attend, stupéfait et anxieux, l’arrivée d’un vaccin salvateur. Tous ces films révèlent un inconscient politique dont l’angoisse ou le souhait fébrile recoupent, de fait, l’annonce d’un nouveau stade du capitalisme et une itération nouvelle de la globalisation.